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Exposition - Couler le métal comme il y a 4000 Ans

 

Couler le métal comme il y 4000 ans… Artisans métallurgistes de l’Age du Bronze

Présentation de l'exposition

Une exposition hors du temps constituée de productions issues de plusieurs années d’expérimentation autour du cuivre et du bronze. Elle a pour but de permettre au public de découvrir les multiples aspects de la recherche expérimentale en Archéologie et au-delà le cheminement logique qui conduit de l’exploitation du minerai naturel (malachite, azurite, cassitérite…) à la pièce en bronze coulée dans un moule de pierre ou de cire, prête à l’usage : poignard, hache, élément de parure…

La découverte du métal est un des grands évènements de l’histoire de l’Humanité. Le cuivre, puis le bronze (alliage de cuivre et d’étain) remplaceront progressivement les outils en pierre que l’homme a mis des millénaires à élaborer. L’avantage du métal sur la pierre est qu’il se fond, se moule et se travaille à froid ou à chaud. Cette découverte permet d’obtenir par coulée dans des moules des outils et des armes performants et d’une haute résistance… La métallurgie du bronze connait un rapide essor et va provoquer dans toute l’Europe une révolution technologique sans précédent et donnera naissance à une brillante civilisation : l’Âge du bronze, une période protohistorique qui s’étend de - 2 200 à - 800 BC. Pour tenter d’appréhender de façon concrète les problèmes qui se sont posés aux premiers artisans métallurgistes, pour répondre aux multiples interrogations, les archéologues, par l’étude des indices et des traces laissés sur les vestiges trouvés au cours de fouilles et par le biais des expérimentations, essaient de retrouver les gestes et les techniques de fabrication du passé. Il s’agit au travers de démarches multiples de remonter le temps à partir de données expérimentales apparemment négligeables voire anecdotique où la précision du geste côtoie l’intelligence des matériaux et des outils.

Cette exposition a été réalisée par une équipe d’archéologues qui travaille sur des problématiques liées à l’expérimentation archéologique des matériaux : Hélène Morin-Hamon, Denis Morin et Jean Sainty, à partir des travaux du CEPA (Centre Expérimental de Préhistoire Alsacienne) avec lesquels ont été réalisées les premières coulées de bronze dès le début des années 1980, de l’Association nationale ERMINA (Équipe Interdisciplinaire d’Études et de Recherches Archéologiques sur les Mines Anciennes et le Patrimoine Industriel) du laboratoire HISCANT MA, EA 1132, et du CNRS (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures, les Espaces et les Sociétés UMR 5608 - TRACES). Elle présente de nombreuses années de recherches, de tâtonnements et d’expériences qui ont livré quantité d’informations sur la réalisation et l’utilisation des artefacts en bronze.

LES AUTEURS

Denis MORIN, préhistorien, est maître de Conférences, habilité à diriger des recherches à l’Université de Lorraine, rattaché au laboratoire HISCANT MA EA1132. À l'interface de l'Archéologie et de l'Histoire des Sciences et des Techniques, ses recherches en Lorraine et dans le massif Alpin portent sur l’évolution des techniques d’acquisition et de transformation des matières minérales de la Préhistoire à la fin du Moyen Age à travers la mise en œuvre de programmes pluridisciplinaires. Ses travaux récents portent sur l’analyse des traces laissées par l’outillage et sur la place du vestige dans l’interprétation archéologique. Le programme qu’il dirige en Grèce a pour objectif l'exploration et l'étude des mines d’argent et de cuivre parmi les plus anciennes du monde égéen. Spécialiste en archéologie des techniques, ses recherches s’orientent vers l’étude des anthroposystèmes : les rapports étroits entre ressources minérales, peuplements et territoires.. Dans le massif alpin, ses travaux sur les sources salées ont permis de mettre au jour parmi les plus anciens témoins d'exploitation du sel en Europe (6 000 B.C.).

Hélène MORIN-HAMON est rattachée au Laboratoire CNRS 5608 TRACES (Travaux et Recherches Archéologiques sur les Cultures les Espaces et les Sociétés) de l’Université Jean Jaurès de Toulouse. Ses travaux en Lorraine et en Franche-Comté sur la minéralurgie l’ont amenée à publier un ouvrage de référence sur les paléo/paysages liés à l’exploitation des minerais de fer : une application de la tracéologie en termes d’analyse des territoires. Ses recherches mettent l'accent sur l'étude micro topographique des espaces miniers souvent révélateurs d'activités multiformes. Elles permettent de cerner l'ampleur des techniques développées et de percevoir l'évolution des installations, leur adaptation au contexte hydrologique et géomorphologique tout en analysant les profondes modifications de ces paysages. Hélène Morin-Hamon est docteure en Sciences pour l’Ingénieur appliquées à l’archéologie ; elle travaille actuellement à une approche technique et gestuelle des arts textiles dans le cadre d’expérimentations archéologiques.

Jean SAINTY, ethno/archéologue et préhistorien a travaillé de nombreuses années à la Direction des Affaires Culturelles d’Alsace. Fondateur du Centre Expérimental de Préhistoire Alsacienne il a été l’initiateur des premières expérimentations archéologiques d’envergure sur le continent avec notamment la reconstitution des chaînes opératoires dans la taille des microlithes comme dans la reconstitution d’habitats néolithiques au cœur de la plaine d’Alsace. Tour à tour dessinateur, archéologue, peintre, Jean Sainty est un préhistorien reconnu. Spécialiste du Mésolithique et des armes de jet, il a été le premier à mettre en évidence les rapports techniques souvent complexes entre l’industrie microlithique et le développement des techniques de chasse. Les fouilles qu’il a dirigées à Mutzig ont permis de mettre au jour les vestiges des premiers chasseurs de la Préhistoire en Alsace. Ses recherches actuelles portent sur la restitution des gestes et des techniques paléolithiques.